samedi 9 juin 2012

Les fondements de l'enfer


Tout comme Paestum fut emporté par son plongeur la terre suivra ses aigles dans la noirceur des ondes.
Ancienne Atlantide où mes pieds fondent, je suis ton premier habitant, inconnu de la terre et recherché dans les airs. Je fus l’albatros coulant éternellement après avoir rencontré les folles moustaches espagnoles. Il m’a peint, ce génie, dans les vicieux miroirs où tout se détourne et se retourne devant et derrière sa fin. Les miroirs menteurs voilà ce qu’il manque au fond de l’eau, un reflet s’accouplant avec un autre, un lâche pris dans les bras d’un fou ! Ô quelle vision délicieuse. Emporte le, jette le vers le paradis et les ténèbres dans le même temps. Hier ou demain, et aujourd’hui, tisse ces termes entre eux par un fil d’or et de plomb ; dément aux mains ciselées, je te l’ordonne. Je le vois, enfin tu saisis tes doigts tranchants, ton aiguille divine et organise une débauche verbale et littéraire. Dans un palais à la lisière de l’eau et de l’air, longeant les côtes, le temps et l’espace s’embrasent et se modèlent lentement, frénétiquement. Des oreillers de plumes de paon accrochés aux murs où les corps roulent, goudron au sol où la peau tombe. La naissance des rapaces s’entame et les cris se font perçant, mes yeux également ! Je perçois presque les langues au fond du cœur et de l’âme. Ah les sirènes antiques, vous sortez enfin, gorge déployées et hurlements encore bridés. Bientôt, encore ! Plus fort ! Vous sortez de votre glaise mes gargouilles ! Oh j’oublis presque que je ne suis que spectateur.
Mais… Là je sens une aiguille traverser mon dos, de part en part, rampant sous ma chair comme un serpent de feu. Hélas le fil est son voile, et il me dévore également ! Ah non, je m’élève, on m’élève, je n’en sais rien. Conscience atteinte, percée, un liquide rouge s’en échappe, je ne fermerai pas les yeux. Non, tout s’enchaine, satellites autour de mes yeux, on me suspend à un plafond infini dont le vent fait les vagues. Ah toute cette perte, aucun élément n’est connu ! La matière n’est que volatile, comme une nue dans laquelle on s’enfoncerait. Je prie pour que ce soit un orage et que nous, vulgaires emplumés, nous chutions.

Je viens d’affranchir le soleil et Aldébaran, ils ne sont plus de ce monde, et désormais, la limite n’est permise que par un inconscient surréalisme où les oiseaux se plaisent à nager. Trop haut ou trop bas, la chute ne se fait que dans notre reflet.

"L'oiseau qui vole par ses propres ailles ne vole jamais trop haut." William Blake.

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