mardi 29 mai 2012

lettre à l'anonyme


Un regard, une fugue du sang, écrasé entre les veines et l’iris. Si proche du gouffre, pupille de l’infinie, les images s’envolent au dessus du cratère. Elles ont des battements d’ailles bruyants, comme une robe au vent, le pourpre du tissu dans sa sensualité unique fuit vers la mer. Des vagues, des contres vagues qui se fracassent entres elles, c’est la formation d’une tempête, la naissance d’une île précisément. L’accouplement de son habit de lave et de l’onde sculpte dans le marbre un paysage invisible. Un demi homme au corps de pierre, une demi femme aux seins de sable.  De ses yeux s’élèvent les arbres et l’herbe de jade et d’émeraude, racines issues de l’iris somptueux de l’humain. Les larmes les font pousser à une allure vertigineuse, les premiers sentiments nourrissent la nouvelle terre, maestum gigas en fleurs et antiqua tristitia faisant les nids des futurs oiseaux. Les empreintes du langage s’enfoncent dans le sol et se fossilisent et tracent des routes sinueuses, irrégulières finissant souvent sur des culs-de-sac. Les racines déforment les sentiers et s’apprêtent à saisir les jambes des voyageurs afin de les faire chuter. Chuter au loin, au profond des cristaux antiques et des flammes infernales. Elles les caresseraient tout d’abord, puis enrouleraient leurs doigts autour de la chair, comme des ronces, pour enfin les coucher dans leur lit. Ceux sont les nouvelles sirènes de notre ère elles ont les mains et les yeux partout. Dans chaque roche sur lesquelles vous pourriez vous assoir, dans l’herbe que vous rêveriez d’embrasser, sous l’eau à laquelle vous faîtes les yeux doux lorsque le ciel n’est que trop brûlant. Elles chanteront à vos oreilles les plus macabres des berceuses pour lesquelles vos os vibreront. Leur charme détruiront votre paix à laquelle vous tenez tant.

Jamais vous n’auriez pu croire l’existence de ce monde dans les corps endormis. Et Nous pourrions y vivre. Endormez vous dans la plus déserte des nuits, vous pourriez vous y retrouver, morts et vivants dans votre passé délicieux, celui de vos songes et de votre sang. Mais le plus important sera de vous embrasser, les yeux dans la bouche. Closes et douces, j’embrasse vos paupières.

"Benvenuti all'inferno mio figlio" Prends place dans l'infini, tu as ton nom gravé dans l'espace.