mardi 26 juin 2012

Dors ma chair

Folle et seule elle essuyait ses larmes dans les draps de la nuit. Un jour la lune lui a parlé et lui dit : allonge toi ma fille, ton dos sera couvert par mes mains, et je te refléterai dans chaque lac et rivière.

lettres à notre fantôme

Tu sais bien que je suis à limite de la vie et de la mort chaque jour que fait le vide. La suspension de mon torse est faite d'un fil de soie aussi doux que fragile. Il me balance en tout angle et courbe, détruisant gravité et lois. Je ne suis que le pendule déséquilibré des instincts de torture et d'extase, jouant de sa pointe pour graver sa trace au dessus du monde. Ah les douces mains d'une femme au dessus de mon crâne, laissant ses doigts prendre la corde à mon cou, serrant le sang de ses serres entre ma soie. Elle a le jeu et la folie aux lèvres, le feu s'en écoule et brûle ma chaîne.

La chute se reflète dans les yeux du vide, où le repos des pendules figent le temps.

dimanche 24 juin 2012

phases d'un déphasé

Un jour tes veines seront emplies d'une molécule bien plus vitale que le dioxygène. C'est le lyrisme qui parcourra ton corps et fera le tour de ton ventricule. Nourrissant tes muscles pour que les messages nerveux de ton cortex s'échouent sur une étendue de sable blanc. 

Tes doigts s'agiteront nerveusement sur cet infinis de pureté pâle, laisser un goudron noir et opaque s'échouer et sécher définitivement, laissant cette trace pour toutes les générations à venir qui s'aventureront dans ce flou miraculeusement éblouissant. 

Quand tes doigts bruleront d'avoir embrasé ce bois, ta main s'ecrasera sur une plaine comme un aigle le ferait après une chasse épuisante. Tes yeux reliront chaque lignes du champs que tu auras survolé dans ta quête d'un lapin albinos et malicieux. 

L'épuisement engendré par ta quête de perfection poétique se soldera par l'explosion incontrôlable de ta boite cranienne. Dans un élan de fureur passionnelle ton sang bouillonera ; et tel une coffre au trésor d'un vizir il implosera, inévitablement. Le jaillissement interminable de ta matière grise touchera le plafond de la chapelle dans laquelle tu écriras, puis s'écoulera... lentement, après voir crépit les murs du sanctuaire. 

La main sur le cœur blanc, et sans plis, que tu as noirci ; tu t'écrouleras. Les genoux à terre, les yeux fermés et le crâne vers les cieux, tout comme ma plume.

jeudi 21 juin 2012

L'être et son parfum

Le parfum de l'être se dissout dans son écorce. Fissuré , blessé par le temps et ses termites, l'hêtre se balance dans l'immobilité, déracinant ses jambes de géant dans un fracas unique. Seuls les insomniaques et les voyageurs peuvent se vanter de l'avoir vu s'élever au dessus du ciel. On dit qu'il figeait ses griffes dans les nuages puis qu'il s'étirait vers eux, s'appuyant de tout son poids dans le vide blanchâtre. Vieux sage fatigué il respirait bruyamment, la terre tremblait au rythme de ses poumons malades.

L'être suffoque au sein du monde anonyme.

lundi 11 juin 2012

missive au désir

"-Je dois partir désormais.
-Déjà ?
-Non, je suis un menteur, teniez-vous ma main ?
-Disons que je l'ai retenue.
-Disons que vous ne l'avez pas lâchée..
-Disons que oui.
-Est-ce votre souffle sur ma main ?
-Non, pas sur votre main, dans votre cou."

Est-ce le vent qui porte le désir jusqu'à mes oreilles ? Hermès, où es-tu ? Poses-tu nu pour Éole ? Quand verrais-je ce tableau délicieux ?

Je t'attends, sur ma plume tu déposeras ton corps léger et tu seras peint dans l'orage, sous les larmes du monde, atomes de pigments mélangés dans la destruction ultime.

dimanche 10 juin 2012

les opposées d'encre et de craie


Sur un horizon aux reflets d’or je vois mon reflet blanchâtre, un brouillard à la forme humaine. C’est un fantôme sur la couverture du livre monde, sur l’extrémité de ma vision, comme un pendule sous mes cils. Alors il me salue, et me repousse, il est horrible cet homme ! Rien ne pousse autour de son aura superbe ! Encore moins dedans ! Sa clarté écarlate, distillée, dérangeante pour la vie et ses astres n’est qu’un opposé à ma nuit, ma neutralité réelle ! 
Moi homme nuit, je ne détiens pas la lumière comme une toile buvard. On ajoute les astres de feu autour de mes yeux, de ma bouche, comme des larmes de cyclope qui tintent dans le néant de mon corps. Des chutes aux formes de flammes lisses, des amandes d’or, déchirant mon visage dans l’arsenic du monde. Et lui, il les crache avec splendeur, comme une poudre d’os, une nuée m’entoure désormais, et je me liquéfie dans l’ombre, je m’échappe certes. Je suis le poulpe fuyant aux yeux mélancoliques, alors je laisse cet ange à sa place. Il prendra ma place sur la gravure du monde. 


fusion du monde en son coeur


Gorge sans fond, c'est un cirque millénaire que je contemple ! Une crevasse créée par le temps, ridicule instrument malléable que je plais à modifier dans cette ruine centenaire. Je peux y cracher, puissamment, et le faire fondre, puis qu'il se durcisse par le froid de ma cheville immense.
Le temps n'est plus qu'un bloc minuscule que je tiens en mes mains, le faisant tourner autour des mes doigts, comme un dé. Un dé aux facettes infinies que je peint, taille, pipe, également. Ce jeu n'est plus un hasard entre mes mains, ce sont mes règles et j'exige la manipulation de l'espace et des ses frères, la tricherie fondamentale, la créatrice, l'alpha et l'oméga. L'acte rampant crucifié, puis rôti, pomme d'or dans la bouche et immense farce le long de son corps gigantesque.
Ô festin hypocrite où l'on dévore chacun la part de notre être ! Cannibalisme au dessus du vide, nos corps se décomposent dans un trou noir ! Vrillez sur la glace mes chers danseurs, cette chorégraphie virera à la chute virale, le déclin virevoltant des villes, vicissitudes de voltigeurs.

Sous nous le monde, en nous le Monde, immense et puissant, dépassant de loin son créateur. Libre comme le poison dans un verre, il parfume les morts et les rend vivants durant des millénaires sous des tombes, des caveaux, des catacombes, des églises.
Alors que moi je ne serai qu'un vivant, la mort sera mon esclave, je détruirai les grandeurs d'aujourd'hui et remplirai le temps de leurs inexistence éternelle d'hier et de demain.
Les doubles s'opposent comme nos cerveaux, notre corps et notre cortex, nos deux multinationales de pensée, nos matrices de rêve. L'un représenté dans une explosion volcanique et l'autre enfermé dans une image ordonnée. C'est la rencontre des vents de glace et de feu, formant une tornade sans sens, qui ne suit que ses sens. Une impossibilité sur trois dimensions de mêler tous les élément.


L'essence se dilue sur les trottoirs de la ville fantôme.

L'anarchisme

 "Si cette chose n’était pas arrivée, j’aurais passé toute ma vie à parler au coin des rues à des hommes méprisants. J’aurais pu mourir inconnu, ignoré : un raté. Ceci est notre carrière et notre triomphe. Jamais, dans toute notre vie, nous n’aurions pu espérer faire pour la tolérance, pour la justice, pour la compréhension mutuelle des hommes, ce que nous faisons aujourd’hui par hasard. Nos paroles, nos vies, nos souffrances ne sont rien. Mais qu’on nous prenne nos vies, vies d’un bon cordonnier et d’un pauvre vendeur de poissons, c’est cela qui est tout ! Ce dernier moment est le nôtre. Cette agonie est notre triomphe. » 


Vanzetti répondant le 9 avril 1927 au juge Thayer. 
Le chant du coeur dans l'absolu.

L'anarchisme c'est l'art vital, la peinture du réalisme et du désespoir, écrasée sur une toile aussi vierge que la sainte vierge elle-même. Et c'est ici que l'individu se dévoile ! Et tranche le fond d'un grand coup de couteau venant de l'ombre, sa seule mère. Pour autant, le poignard chutera dès la fin du meurtre, et le bras du criminel restera mort, posé sur le chevalet, anonyme

samedi 9 juin 2012

l'aquarelle aux paupières

Il faut un monde pour en recouvrir les larmes. Et des milliers d'univers accouplés pour enfin créer un radeau de roses et d'or pour voguer sur ses flots.

Les fondements de l'enfer


Tout comme Paestum fut emporté par son plongeur la terre suivra ses aigles dans la noirceur des ondes.
Ancienne Atlantide où mes pieds fondent, je suis ton premier habitant, inconnu de la terre et recherché dans les airs. Je fus l’albatros coulant éternellement après avoir rencontré les folles moustaches espagnoles. Il m’a peint, ce génie, dans les vicieux miroirs où tout se détourne et se retourne devant et derrière sa fin. Les miroirs menteurs voilà ce qu’il manque au fond de l’eau, un reflet s’accouplant avec un autre, un lâche pris dans les bras d’un fou ! Ô quelle vision délicieuse. Emporte le, jette le vers le paradis et les ténèbres dans le même temps. Hier ou demain, et aujourd’hui, tisse ces termes entre eux par un fil d’or et de plomb ; dément aux mains ciselées, je te l’ordonne. Je le vois, enfin tu saisis tes doigts tranchants, ton aiguille divine et organise une débauche verbale et littéraire. Dans un palais à la lisière de l’eau et de l’air, longeant les côtes, le temps et l’espace s’embrasent et se modèlent lentement, frénétiquement. Des oreillers de plumes de paon accrochés aux murs où les corps roulent, goudron au sol où la peau tombe. La naissance des rapaces s’entame et les cris se font perçant, mes yeux également ! Je perçois presque les langues au fond du cœur et de l’âme. Ah les sirènes antiques, vous sortez enfin, gorge déployées et hurlements encore bridés. Bientôt, encore ! Plus fort ! Vous sortez de votre glaise mes gargouilles ! Oh j’oublis presque que je ne suis que spectateur.
Mais… Là je sens une aiguille traverser mon dos, de part en part, rampant sous ma chair comme un serpent de feu. Hélas le fil est son voile, et il me dévore également ! Ah non, je m’élève, on m’élève, je n’en sais rien. Conscience atteinte, percée, un liquide rouge s’en échappe, je ne fermerai pas les yeux. Non, tout s’enchaine, satellites autour de mes yeux, on me suspend à un plafond infini dont le vent fait les vagues. Ah toute cette perte, aucun élément n’est connu ! La matière n’est que volatile, comme une nue dans laquelle on s’enfoncerait. Je prie pour que ce soit un orage et que nous, vulgaires emplumés, nous chutions.

Je viens d’affranchir le soleil et Aldébaran, ils ne sont plus de ce monde, et désormais, la limite n’est permise que par un inconscient surréalisme où les oiseaux se plaisent à nager. Trop haut ou trop bas, la chute ne se fait que dans notre reflet.

"L'oiseau qui vole par ses propres ailles ne vole jamais trop haut." William Blake.

jeudi 7 juin 2012

Eros crucifié


Une nuit dans le désert et mon cœur s'emballe, j'ai froid, j'ai chaud. 

Je suis Lucifer, du haut de ma tour de glace, les jambes prises, les mains dans les astres, j'incendie le monde pour l'embellir, rendre le charbon diamant, les immeubles et villas seront terres à recréer. Ma gueule ouverte, il en sort un flux rouge comme les lèvres de la Terre que j'embrasse maintenant à pleine bouche. Les cris augmentent et je vois là une femme au chant étrange. Il me suit dans les graves, augmente ses octaves, devient viole et plane sur le sol, un brouillard sourd. Elle a le cou long, doux, c'est une lune à la moitié de sa vie. Elle me fixe, les yeux brillants comme des émeraudes, cyanure inoculé dans ma pièce par la vie. Elle les plisse, fais tomber le rideau. C'est l'entracte, j'ôte mon masque, prend celui aux teintes nuit et jour, un bleu étoilé, noirci et nuageux comme une mousse à l'encre de sèche. Et je descends. Les pieds pris dans le froid, je tombe, elle me récupère, je la brûle, elle me grave un "oui" sur le torse à l'aide d'un silex. Nous partons, comme deux ombres, sur cette terre noircie par mes mots. Et elle marche, elle sait où aller, je le sais également. Alors on avance, chaque roche rougie semble être un matelas pour mon dos douloureux. Elle me pousse, alors je la tire vers moi. Nous chutons, le rire fort et enfantin. On s'arrête, elle m'embrasse, je la repousse et lui offre mes lèvres sur ses yeux, ce à quoi elle répond par une main sur mon torse. Petite pression. Je recule. Elle m'embrasse, je chute, je m'abandonne. Je suis un centaure en ce lieu, et je deviens fou, il me faut un fil ! Et elle caresse mes cheveux, d'une main sage, aussi légère qu'un vol d'oiseaux. Et je ressens son cœur, il est fou, comme le mien. Je l'embrasse, et elle se colle à moi, Elle est nue, la poitrine contre la mienne, les peaux se fondent, elles deviennent une masse mouvante, tel une nuit dans un lac, sans terre la fixant. Nous volons. Nous volons aux rythmes de  nos mains, vives, puis stoppées, mais là ce sont nos yeux qui nous guident. Alors je la regarde, elle courbe son dos, je sens ses muscles se nouer autour de moi. Médusa, tu es mienne. Elle brise mon mur, et je craque, mon sang ne fait qu'un tour, ma main sur sa poitrine, roule vers sa bouche, ses jambes, son entrejambe, sa nuit, son ventre. Elle fait de même, elle empoigne mon arc, tente de décocher une flèche, mais je la reprends, c'est moi qui ouvrirai la première brèche. Alors mes doigts prennent d'assaut son barrage, je caresse ses murs, c'est un vol manifeste, je sens la force d'un torrent derrière la paroi. Alors je goûte à cette forteresse. Elle est de sucre, ma langue la fait fondre, et j'y goûte, elle dévoile ses trésors, un or de femme. Les pièces coulent flot et perlent sur ma langue. 
Je suis pris en flagrant délit, alors elle me repousse, gardienne de ses richesses. Et elle me dérobe des miennes, langue, et doigts comme crochets, ma serrure est ouverte, Mais non je ne craquerai pas, mon or reste mon or, et je la garde, je ne l'offrirai qu'entre ses portes. Elle l'a comprit, alors elle les ouvre, et j'y entre. Je passe de bélier à voleur, franchissant muraille en les caressant, ou bien en les fracassant, faisant craquer bois et fer. Le bâtiment s'effondre. Alors nous sommes sur cette terre rouge, et tout verdit, dans une symphonie naissante, la chair chante sur le corps du bois, c'est le luth et la viole qui font le monde. Nous jouons, allègrement, mon archer sur ses cordes, mes doigts sur ses cordes, ses mains sur ma peau tendue. Tout renait, ici, sous notre chair. 
Les corps se lèvent, ils marchent, ce sont des nouveaux nés. Nous continuons. Encore, une nuit interminable, les nuages coulent entre ses cuisses, un univers né à l'intérieur. Et moi je meurs, dans ses étoiles, dans un souffle sourd, où mon corps devient sang et sperme. Elle m'a vu détruire, et nous avons recréé la Terre.

Les flammes ne sont que le reflet de nos yeux révulsés. Et toi tu fais ton compte, celui des nues sur le grand tableaux noir. Sans bougies ni astres, tu vois le monde.


Oeuvre par Evil Clown, tous droits réservés.



lundi 4 juin 2012

crachats

Et la nuit électrisante allume les lampadaires de mon quartier, illuminant putes et voyous, meurtriers et paumés. La fable des inconnus est jouée par des hommes illustrant des bêtes. Satyre d'un monde monstrueux ou la fontaine sert de poubelles à canettes de bières.




Bienvenue à Naples les enfants ! 

la balance du vide



Un tribord, puis un bâbord de mon cœur, vague à l’âme et vague de fond, la terre se fait liquide et moi je suis le seul marin à bord de mon épave. Vieux rafiot aux planches mitées ; aux rames de papier, tu fais ma vie. Je suis né d’entre tes nœuds, ton bois ridé comme le monde ; des échardes plein la peau, je vis enfin l’existence devant mes yeux. Elle était sévère, droite et embourgeoisée, le chapeau qui contraste avec sa rigidité, dissimulant de magnifiques cheveux blonds ondulés, Ses seins emprisonnés dans la toile et le fil, le corps sage apparemment. Mais je la vit se mordre la lèvre, cannibalisme ? Masochisme ? Quel mal peut bien l’atteindre ? Je sens son besoin de nous dévorer à chaque seconde, durant des années. Et un jour elle nous finira, le sang en digestif, un alcool fort d’après ce que l’on m’a dit. La liqueur des sentiments les plus déments, son essence la plus pure, le feu de notre vie enfermé dans du cristal, pour quelques minutes au moins. 

L'âme de fond... sous les pavés l'enfer oui ! Rejoins le sable et sa douceur, ce ne sont que les larmes d'Hadès d'après les alcooliques du coin.


Et l'alarme à l'oeil tinte au sol..

une pèche en automne.

Sombres sont les années qui s'écoulent dans un cœur malade. Le sang rougit les saisons, sèche les feuilles à chaque instant. On peut y marcher et ne jamais toucher le sol, elles craquent comme les os dans une crypte. Et pourtant lorsque nos yeux s'évadent de nos pieds, ils s'offrent au ciel, rouge, jumelé à son soleil, ce frère aux joues de rubis et à la chevelure de feu. Au dessus de nos pieds il y a un feu grandiose qui ne cesse de lécher le monde. Le cœur pourrait s'arrêter ! Et pourtant, ce ciel, ce paradis où un opéra s'échoue chaque jour, jamais ne s'éteindra.


Vous savez, l'espoir, ça se trouve au bout de l'ancre que l'on remonte à la sueur de notre front.